On l’avait trouvé dans son coffre, la malle que sa Mare et sa Gran lui avait donnée pour son mariage. Elle y rangeait ses trésors, sa maigre pension, son livret d’épargne, les photos de ses enfants disparus, la médaille de son Mile qu’était mort à la guerre, la blouse pour quand on la mettrait dans le trou… Pas un carnet, mais une liasse de feuilles grand format finement quadrillées, sans doute arrachées à un livre de comptabilité lors d’une occupation du « bureaux des patrons » des Tissages. L’écriture était fine, nerveuse, difficilement lisible, presque effacée…  Côqu’un entreprit de le déchiffrer, de le transcrire… Et c’est ainsi que de disquettes égarées en ordinateurs hors-service, on le perdit tout à fait. J’aimais bien l’Adelphine, une amie de la Gran, elle me donnait toujours un bonbon, un carré de chcolat…En souvenir d’elle, j’ai essayé de le reconstituer

J’ai commencé par noter les chansons que je connaissais, celles que j’avais apprises toute petite. Peu de choses. Puis je me suis plongée dans le livre de Julien Tiersot, « Chansons populaires, recueillies dans les Alpes françaises (Savoie et Dauphiné) «  J’ai relu les travaux  des ethnomusicologues (Louis Pierre Gras, Charles et Alice Joisten, Georges Delarue, Marcelle et Julien Sage ; Théophilo G Ponce, Mazellier…) publiés dans le Monde Alpin et Rhodanien d’Ethnologie et les Atlas Vercors et francoprovençal du CMTRA. Childeric, Boissard et le Voconce, ex petits dauphinois, de Mare, de Gran et de Totons dauphinoises ont fouillé dans leurs souvenirs et décidé de mener une enquête de terrain pour savoir si Le Coucou, Le Printemps qui charme la Bergère ou La Marion sos on pomi étaient encore connus, voire chantés. Des résultats plutôt consternants, mais une bonne raison de redoubler d’efforts, si tant est que ce mot ait un sens pour ces trois péliandrus ..