Chansons de Bergères
Belle s’en fut au bois joli – La Bergère et le Monsieur [ version 1 – version 2 – Meylan – Htes Alpes – Cervières – Savoie ]– La brebis sauvée du loup – Le petit panier blanc – Mon Père avait 500 moutons – La Pernette
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La Bergère et le Monsieur (1)
Ma bergère, Dieu vous garde,
Toute seulette dans ce bois
Seulette dans ce vallon
En gardant vos blancs moutons
Môssu, to que regarde vo,
A ce que de garfo mo meuton
Ah! fila votron zhemin
Ne parla plus à la barzhière
Ah ! fila votron zhemin
On de vo fouè mordre à mo, çhin
Je vous parle poliment.
Vous me répondez brusquement.
Vous m’avez déjà blessé
Ma bergère trop sévère
Vous m’avez déjà blessé
A ne pouvoir résister
Comm’ volyèvo que de vo-zh-esso blecha
De ne vo è jamé tocha ?
De n’è pudra ni plomb
Comm’volyè vo ? Comm’volyè vo ?
De n’é pudra ni plomb
En gardan mo blan meuton
Ma bergère si tu voulais
Ma maitresse tu serais.
Tu serais dans un château,
Surveillante, gouvernante,
Mes servantes et mes laquais
Te seraient toujours auprès.
De ne seu point acouteyma
A to cel-zh-embarro.
D’amo myu mo bétarau
Mon établo, mon mégnazho
D’amo myu mon bétoarau
Que tuy votro-zh-embarro
La bergère et le Monsieur (2)
Dis-moi Nanon, le nom de ton village
– Alla zi vère, Môssu, vo lo zépri
– Viens avec moi, Nanon, sous cet ombrage.
– Non, non, Môssu, craignons pas lô solei.
– Dis-moi Nanon, qui t’as tant appris ?
– Et vo, Môssu, vô avez-vous étudia ?
– J’étudiai au château de mon père
– E mi, Môssu, en gardan mo meuton.
– Dis-moi, Nanon, qui te rend si rebelle
– E vô, Môssu, qui vo rin tan t’amouéru ?
– Je me meurs à tes pieds, mon aimable bergère.
– Creva, creva, Môssu, tant qu’vodri
La bergère et le Monsieur (Hautes-Alpes)
Bonjour, ma bergère.
— Adiousia, Moussu.
— Que viens-tu de faire
Dans ce bois touffu ?
— Iou siou à l’ombreta,
Gardou mei moutou,
Ornou ma houleta
De cent mille flour.
— Sont-ce là, bergère,
Tes amusements ?
Etant si jolie,
Tu n’as pas d’amant ?
— Ai, moundiou, Moussu
Que m’avé nouma ? (1)
Jamais la mionna maire
Ne m’en avié parla.
— Je crois bien, la bergère,
Que ta mère ne t’en parle pas.
Mais ton cœur, ma chère
Te le dit tout bas.
— Créiou, Diou vous prengue,
Qu’avès par du l’esprit.
Un cur sen lengua,
Poua-ti vous aver dit ? (2)
— Ton discours m’accable,
Me met à la mort :
Bergère adorable,
Vois mon triste sort.
— Moun Dieu, que chau faire
Per un tant grand maou !
Ves l’apouticari
Courrirai si faou. (3)
— Arrête, Sylvie !
Par tes chères mains,
Ma mort et ma vie,
Sont entre tes mains.
— Din mei mas, pecaïre!
N’en tenou ren plus
Que ma fiérousella,
Moun fiou et moun fus (4).
— Ton chien, la belle,
Est plus humain que toi.
Me caresse et me flatte,
Se tient près de moi.
— Ai! la bestia fina !
Vous senti de croustous :
Per aco vous caressa
S’e tan pres de vous. (5)
Chansons de Bergères – Tiersot ibidem p 380 : » Archives de Gap (Enquête de 1851):— Communication de M. Lussignol, instituteur public au Monétier-Allemond.
J’ai recueilli encore à La Mure une version de cette chanson, en patois du Champsaur,mais de façon trop incomplète… »
La Bergère et le Monsieur (Cervières)
Bergère, Dieu te gard’
Te voici bien à l’écart !
Te voici bien à l’écart !
Faisant paître
Faisant paître
Te voici bien à l’écart
Faisant paître tes moutons
– Chi a fau paîsse mo moutou.
Beô Mochieu, que vous faï l’a vou ?
Chi von garas pa d’aqui
A vou djurou e redjurou
Chi vous gars pas d’aqui
A vous fau morde à mon tchi
– Tu me parles rudement
Te parlant docilement
Tu m’as déjà blessé
Sans en être
Ma brunette,
Tu m’as déjà blessé
Sans te pouvoir approcher
– Comma vous oriau blessa
Mi paore ? Ca n’ei pas tira.
A n’ei ni pondra ni plomb.
Ne sai que cagnelére;
An’ei ni poudra ni plomb,
A lei tira tout au long
– Bergère, si tu voulais
Bien heureuse tu serais.
Tu viendrais dans mon château,
Bien heureuse
Bien contente
Tu aurais tous les jours après
Trois pages, quatre laquais
– Beô Mochieu, mé soucheio pas
De vo page, de vo laqueo,
Aimo mié mon pastouréau
O la caggio, o la caggio.
Aimo mié mon pastouréau
Que tourt votre chatiau
Chansons de Bergères –
La Bergère et le Monsieur (Meylan)
– Dis-moi, Nanon, le nom de ton village
– Apregné lo, Monsu, vous lo saurés
– y-a-t-il quelqu’un dans ce vert boccage ?
– In grand lourdau, Monsu, quand v’z-y serez
– Veux-tu venir dedans ce vert bocage ?
– Ah non ! Monsu, j’craigne pa lo solè
– J’aimerais bien avoir ton cœur en gage
– J’ai mon amant, je lo garde per leu
– Qu’il est heureux ton amant, ma bergère
– Oh! oui, Monsu, ne s’erai pas malherou.
– je t’aime bien mieux cent fois que lui t’aime
– Et mé, monsu, j’l’amou ouè mieux que vo
– Je n’aime pas ces grandes demoiselles
– ni mé, monsu, que lor grand babillou
– J’aime mieux une simple bergère.
– E mé, monsu, lo fils d’un labourou
– dis-moi, Nanon, qui t’as si bien apprise ?
– Et vous, Monsu, que vous en a tant dit ?
– Je l’ai appris au château de mon père.
– Et mé, Monsu, en gardant mes brebis.
La Bergère et le Monsieur (Savoie)
– Dis-moi, Nanon, le nom de ton village ?
– Appregné lo, monchu, vo lo srez
– Viens avec moi te mettre sous l’ombrage
– CNani, monchu, de ne craign’pas l’soluai.
– Y-a-t-il quelqu’un sous ce sombre feuillage ?
– Ou grou lordau, monchu, quand v’zy sarèz
– Dis-moi, Nanon, tu m’es bien rigoureuse.
– E vo, monchu, v’z-êtes trot amoéroux;
– Si je suis amoureux, c’est pour te rendre heureuse.
– E mè, monchu, y é pé me moqua de vo.
– Dis, nanon, qui t’as si bien apprise ?
– E vo, monchu, ieu évo tant étudia ?
– j’ai travaillé au château de mon père.
– E mi, monchu, en gardint mou mouton.
– Hélas ! nanon ! Tu vois ma dernière heure
– Crèva, Monchu, crèva quand vo vudrez
Chansons de Bergères – Tiersot : D’après DESPINE, Etude sur les patois savoyards, Revue savoisienne, novembre 1868
Mon Père avait 500 moutons
Mon père avait cinq cents moutons
J’en étais la bergère,
Lonlaive, lonla,
J’en étais la bergère
La premier’fois que j’les mène aux champs
Le loup m’en a pris quinze
Le fils du roi vint à passer
M’a rendu ma quinzaine
O belle, que me donneras-tu
A cause de mes peines ?
Quand nous tondrons nos blancs moutons
Vous en aurez la laine
C’n’est pas la laine que je veux
C’est ton petit cœur, bergère
Mon cœur n’est pas pour vous
Il est pour Pierr’que j’aime
Chansons de Bergères –
Le petit panier blanc
L’autre jour je me promène
Tout le long d’un bois charmant ;
J’aperçois une bergère
Qui dormait tranquillement.
Je lui pris tout doucement
Son, son, son, son joli, son
Je lui pris tout doucement
Son petit panier blanc.
Quand la belle se réveille :
« Vous êtes un insolent. »
Quand la belle se réveille :
» vous êtes un insolent «
D’mavoir pris si doucement.
Mon mon mon, mon joli, mon
D’mavoir pris si doucement
Je lui pris tout doucement
Mon joli p’tit panier blanc
-Te chagrine pas , la belle,
Je suis un riche marchand,
Quand je prends la marchandise
Je la paie argent comptant.
Je prétends te bien payer
Ton ton ton, ton joli, ton,
Je prétends te bien payer
Ton joli p’tit panier blanc
– Mon panier n’est pas à vendre
Ni pour or ni pour argent :
C’est un gage que ma mère
Me recommande souvent.
Ell’m’a dit de bien garder
Mon, mon, mon, mon joli, mon,
Ell’m’a dit de bien garder
Mon joli p’tit panier blanc
– Fill’, va-t-en dire à ta mère
Qu’ell’l’a pas toujours gardé.
Fil’, va-t-en dire à ta mère
Qu’ell l’a pas toujours gardé
Qu’ell l’a pas toujours gardé
Son son son, son joli, son,
Qu’ell’ l’a pas toujours gardé
Son petit panier blanc
Chansons de Bergères – Recueillie par Tiersot à La Mure (Isère)
Belle s'en fut au bois joli
Mon père et ma mère
N’ont que moi d’enfant.
Ils m’envoient à la Grenette
Vendre du froment. N’aurai-je jamais
L’âge, l’âge,
L’âge de quinze ans ?
Quand je fus à la Grenette,
M’en vint trois marchands.
Qui m’ont dit : – La belle,
Combien le froment
Je le vends cent sous,
Au moins quatre francs…
– Les amours, la belle,
Les vendez-vous tant ?
– Mes amours, monsieur,
N’sont pas pour un marchand,
Ils sont pour un berger
Qui est dans les champs
Chansons de Bergères – Belle s’en fut au bois joli- Recueillie en Forez par Louis-Pierre Gras in Georges Delarue : » Chansons populaires foréziennes : La collecte de L.-P. Gras » / MAR 1-2/ 1984 a
La Pernette
Vitya la pentecota passa
La san Zhan ne pa pi bien loin
U fo plyi baghazo
A poué fo sin alla
– On va-t ma sarvin ?
On va demora ?
– U chté de mon pare
De volo m’y maria
– Resat don, ma Sarvin
To gaz doblaron
E no to mariron
Vé lo prince ou lo fils du baron.
– Ne vol pa lo Prince
ni lo fils du baron
De vol mon ami Piare
qui è dan la préson
– Non, te n’arè pa Pierre
No lo pendolaron.
Si vo pendola Piare
– Pendolam’la promyère
Vo creuvari Piare de rose
E min de mill fleurs.
To lo mond que passeron
Pridron la fleur
E priron Dieu, pe l’am
De celo dyu amoréou
Chansons de Bergères – La Pernette – recueillie Lucien et Marcelle SAGE : « Un village du Bas-Dauphiné : Saint – Jean – d’Avelanne » / MAR 1-2, 1976
La Brebis sauvée du loup
Une bergère allait en champ,
Portant sa colognette,
Tout en gardant ses blancs moutons
Et filant sur l’herbette
N’en sortit un gros loup du bois
Avec sa gueule ouverte ;
Il a pris un des blancs moutons
Le plus beau de la troupe
La belle s’est mise à pleurer
» Douce Vierge Marie
Qui me rendra mon blanc mouton
Et j’en serai la mie ! »
Le fils du roi l’a-t-entendue
N’en tire son épée ;
Trois fois a fait le tour du bois
Le Mouton a trouvé
– « Tenez, belle, votre mouton,
Mettez-l’avec les autres.
Moi je vous ai fait un plaisir
Vous m’en ferez un autre ? »
– Le plaisir que je vous ferai :
A la lune nouvelle
Quand je tondrai mes blancs moutons
Je vous donn’rai la laine
– Je ne suis point marchand drapier
Ni fabricant de laine
Quand le loup prendra un mouton
Le diabl’si je m’en mêle ! »
Chansons de Bergères –