Chansons de Filles

Les Filles de la Matheysine

La filla de lou Machany

Vendoun lour couifa

Per un pot de vi

La naoutra

Fan pa coum’aco

Gardon lour couifa

Buvoun cooucou co

 

Les filles de Machany

Vendent leur coiffe

Pour un coup de vin,

Les nôtres

Ne font pas ainsi,

Elles gardent leur coiffe

Et boivent aussi

Chansons de filles  –

La Marion sos on Pomi

La Marion su’ son pomiye, « 

Que se, guinganâve (bis)

Que se guinganâve de cé

Que se guinganâve de lé

Que se guinganave.

 

On bossu vint a passà

Que la regardave (bis

Qué la regardave de cé

Que la regardave de lé

Que la regardave

 

N’agarda pas tant bossu

Vo n’et pas tant bravo ! (bis)

Vo n’et pas tant bravo de cé

Vo n’et pas tant bravo de lé

Vo n’et pas tant bravo

 

Que de sey bravo,

que de sey l’edo,

Te sera ma mia. (bis)

Te sera ma mia de cé

Te sera ma mia de lé

Te sera ma mia

 

Si t’m’vou pour ta mia

Fau copa ta bossé (bis)

Fau copa ta bossé de cè

Fau copa ta bosse de lè

Fau copa ta bossé

 

Lo Marion prin son ketiô

Per y copa sa bossè. (bis)

Per y copa sa bossè de cè

Per y copa sa bossé de lè

Per y copa sa bossé

 

Quand la bossè fut copâ

Le bossu plorave. (bis)

Le bossu plorave de cè

Le bossu plorave de lè

Le bossu plorave

 

Ne plora pas tant, bossu

On vo rindra la bossè (bis

On vo rindra la bossè de cè

On vo rindra la bossè de lè

On vo rindra la bossé

 

Quand la bossè fu rindua,

Le bossu chantave (bis)

Le bossu chantave de cè

Le bossu chantave de lè

Le bossu chantave

Chansons de filles – Chanson largement répandue que toute la Gnia chante les jours d’euphorie en insistant comme il se doit sur les ave. La partitionci dessus vient de Tiersot (ibidem)

Chansons de filles - La Marion et le Bossu

Chansons de filles – « Les filles de », groupe de chansons théoriquement sans limite pour peu qu’un rimailleur local s’en mêle. Presque toutes procèdent de deux seuls types. D’après l’un, les filles du village désigné, n’étant pas demandées en mariage, se décident à aller elles-mêmes à la recherche des garçons. L’autre est une chanson qui se compose de couplets dont chacun passe à tour de rôle en revue les divers hameaux ou quartiers de la localité chansonnée et fait la critique des filles qui l’habitent. 

Les Filles de Saint Jean

Saint Jean est un petit bourg

Y a des filles tout autour

Y en a des petites et des grandes

Qui veulent se marier

Personne ne les demande

 

Elles sont allées dimanche à vêpres

– Tenez Monsieur l’abbé

Publiez la lettre.

Monsieur l’abbé n’a pas manqué :

Approchez-vous garçons d’ici

Les filles de Saint Jean

Veulent qu’on les marie

Les garçons ont répondu

Monsieur ont-elles des écus ?

Si elles en ont,

Il faut qu’elles soient jolies

Et si elles n’en ont point,

Elles resteront filles

 

Les filles ont répondu :

– Nous prennent-ils pour nos écus ?

Nous aimons mieux rester fillettes

Que de prendre ces libertins

Qui aiment la bouteille.

Fillettes comme moi

Ne prenez pas ces Avallois

Qui travaillent toute la semaine

Pour le dimanche boire la bouteille.

Les Filles de Landry

A Landry, y a-t-un faubourg :

Tout’les fill’ sont fait’ au tour.

Il y en a des p’tites et des grandes

Qui veul’se marier;

personn’ ne les demande.

Tout’les fill’s s’sont assemblées,

 Une lettre ont composée.

Ell’ l’ont porté le dimanche à la messe.

 « Tenez, Monsieur l’curé, publiez cette lettre. »

M’sieur l’curé n’a pas manqué:

 La lettre il l’a publiée :

 « Venez, garçons, venez, je vous en prie;

Les filles de Landry veulent qu’on les marie. »

 

Les garçons ont répondu :

« Les fill’ d’Landry, nous ne les voulons plus.

Nous irons bien jusqu’à Chambéry même,

Là nous en trouverons qui ont la mine fraîche. »

 

Les fill’ se sont assemblées,

A Moutiers ell’ sont allées

Pour s’acheter brod’ries, riches dentelles

Et beaux souliers brodés à la mode nouvelle.

Les garçons s’sont assemblés,

Dans l’auberge ils sont allés.

 « Buvons, trinquons, camarades, ensemble  

Les filles de Landry ont bien le temps d’attendre.

Les Filles de Villard

Lo Monsu de la vella

Que voulon se maria,

S’in von trova lé feille

Hola, la deridera,

S’in von trova lé feille,

Lé feille du Velar.

 

« Eh don ! bonzour, lé feille,

Lé feille du Velar.

Eh don ! bonzour, lé feille :

 Voglié-vo vo maria ? —

 

– Vo n’éte pas pro bravo,

Pas pro ben ajusta. »

 

S’intournont à la vella

 Pe se fare ajusta.

 

Prenont lour cravat’blance,

Lo solars mathera.

Les Messieurs de la ville / qui veulent se marier / s’en vont trouver les filles, / les filles des Villards. / « Hé donc ! bonjour, les filles, / les filles des Villards. / Hé donc ! bonjour, les filles. / Voulez-vous vous marier ? /  Vous n’êtes pas assez beaux, / pas assez bien mis » / Ils s’en retournent à la ville —/ prennent leurs cravates blanches, / leurs souliers bien cirés.

.S’intournont trova lé feille,

Lé feille du Velar.

 

« No venin de la vella

Pe no fare ajusta ;

No venin de la vella :

Voglié-vo vo maria ? »

 

Lo prenont à coup de piére

Pe la Comba du Velar.

 

S’aveton l’euna l’autra,

Se bettont à pleura.

 

« E te que n’in é la causa

Que de ne si pa mariâ ! »

S’en retournent trouver les filles, / les filles des Villards. « Nous venons de la ville / pour nous faire bien vêtir ; / nous venons de la ville : / voulez-vous vous marier ? » / Elles les prennent à coups de pierres, / par la Combe des Villards. / Se regardent l’une, l’autre, / se mettent à pleurer. / « C’est toi qui en es la cause,/ Que je ne suis pas marié

Les Trois bon drôles

Nous étions trois garçons bons drôles

Mais tous les trois du même accord,

Voyageant dans tout le pays, Cherchant fortune.

En leur chemin ont rencontré

Trois jolies brunes.

 

Il les ont pris par leurs mains blanches,

Au cabaret les ont menées.

Au cabaret les ont menées,

Ces jolies filles.

Buvons, chantons, divertissons-nous,

Soyons tranquilles.

 

Mais quand il vient la matinée,

Ces beaux garçons s’en sont allés.

Ces beaux garçons s’en sont allés,

Avec adresse

En laissant le compte à payer

A leurs maîtresses.

 

Madam’ l’hôtesse s’y prend garde :

En voyant ces amants partir

Bien vite elle est montée là-haut

Dire à ces filles :

Tous vos amants en sont partis,

Soyez tranquilles. »

 

Ell’ se regardent l’une l’autre,

Toutes trois n’ayant point d’argent.

La plus jeune, tout en riant,

La plus volage,

Tir’ l’anneau qu’elle avait au doigt,

Le met pour gage.

 

Ell’s’en va d’un pas dégagé

A la maison d’son bienaimé,

Bonjour papa, bonjour maman,

Ma très chèr’ mère;

Votre fils est tombé dans l’eau De la rivière.

 

Il vous prie de bonne grâce

De lui envoyer son manteau.

Il est là-bas au bord de l’eau,

Tremblant sans cesse ;

Nous le couvrirons comme il faut,

Avec adresse.

 

Ell’ revient d’un pas dégagé

Prend le manteau d’son bien aimé.

Rendez-moi vit’ mon anneau d’or,

Madam’l’hôtesse :

Voici un gag’ qui est plus fort.

Buvons sans cesse

Chansons de filles filles – Tiersot (p 192 ibid) note qu’elle est très populaire en Savoie, où il en a recueilli plusieurs versions: Séez (Tarentaise), Saint-Jean-de-Maurienne, Bessans, Aviernoz (arr. d’Annecy)

Chansons de filles - Les trois bons drôles

La Belle qui fait la morte

Au long de ses lauriers

Marie s’y promène

Belle comme le jour

Blanche comme la neige

Trois jeunes capitaines

Viennent lui parler d’amour

 

Le plus jeune des trois

La prit par sa main blanche

Montez, montez, Mam’selle

Sur mon cheval gris

A Paris je vous emmène

En mon plus beau logis

 

Chemin faisant la belle

Fit rencontre de sa mère

Oh qu’elle lui dit

Va-t’en, Va-t’en ingrate

Tant loin que tu voudras.

Si jamais je te pleure

Que quand tu reviendras

 

A l’entrée de la ville

L’hôtesse la regarda

Soupez, soupez Mamzelle

Selon votre appétit

Entre trois capitaines

Vous passerez la nuit.

A ces mots,

La belle est tombée morte

 

Oh mais, dit le plus jeune

Qu’on sonne clairon trompette

Tambour à grand battant.

Puisque la belle est morte

A l’âge de quinze ans

 

Où l’enterrerons-nous

Cette belle princesse ?

Oh mais dit le plus jeune

Au jardin de son père.

Au jardin de son père

Sous un lilas fleuri.

 

Pendant trois jours

Son père s’y promène.

Ouvrez ma tombe,

Ouvrez-la donc si vous m’aimez,

Pendant trois jours j’ai fait la morte

Pour mon honneur garder.

Chansons de filles -la  Belle qui fait la morte (la) – Lucien et Marcelle SAGE : « Un village du Bas-Dauphiné : Saint – Jean – d’Avelannne ». Chanson recueillie  auprès de Mme Marie-Louise- Villeton (1874-1950) quasiment conscrite d’Adelphine C., par sa fille Marcelle Sage et son gendre Lucien Sage.

Les Trois Soeurs

Nos étions tray séroulètes (bis)

A la riva d’un lai (bis).

 

Nos nos disions l’una à l’âtra

« Allin nos bagnolé »

 

Si le fi du rè passave

I nous emmèneray.

 

Mais, çan dit la plus petita

Ze n’y voi pas y aller.

 

Ze me garderai lè robe

Gens d’armes doit passer

 

Su celès mime parôles

Gens d’armes est arrivé

 

Ils l’ont pris, l’ont emmenia

Su Grison l’ont monté

 

Lont mené dedians lès frances

Tant ava qui pouvai.

 

Quand le fut dedans lès Frances

Le n’y fait que plorai

 

 » De quoi tant plorer la bella

De quoi tant sospirai ?

 

Plorez-vous vôtre pare

Votre mera ou moi ?

 

ze n’y ploro point mon pare

Ni ma mera ni vo

 

Z’y plora mès amoirettes

Tant éloignés de moi

 

Ne les plorès point, la bela

Nos vos les peyerons

 

Cent écus dians ma borsetta

Sera pour vos donnai

 

si cela ne vos marie,

Jamais ne l’y serai ».

 

Bien heurou sont louz homo

Qui le layssont eyta.

Chansons de filles  –

La Gantière de Grenoble

Je suis la petite gantière

Toute jeunesse, amour, gaité,

Et c’est moi l’alerte ouvrière

Qui fait l’orgueil de la cité.

Je suis la petite grisette

Grisette de noble maison,

Car mon aïeule était Lisette,

Et ma mère Mimi Pinson

 

Refrain

J’aime la belle humeur,

Mais on a du cœur

Et des sentiments nobles,

A Grenoble.

 

De l’atelier la nuit nous chasse ;

Joyeuses, nous nous envolons,

Nous faisons raisonner la place

Du bruit coquet de nos talons,

Nos refrains, nos éclats de rire

Font tous les carrefours chantants

Et sur nos pas on entend dire

C’est la jeunesse et le printemps

 

Au refrain

 

Faut-il donc lorsqu’on est jolie,

Lorsqu’on a l’œil clair et vivant

Engendrer la mélancolie ?

Autant vaudrait être au couvent !

Laissons les critiques moroses

En tristes sermons s’épuiser,

Aimons, aimons, nos lèvres roses

Sont bien faites pour le baiser.

 

Au refrain

 

Un grain de gaieté, de folie,

Empêche heureusement de voir

Trop en noir cette pauvre vie…

Mais on sait faire son devoir.

Plus d’une qui hante et babille.

Fille aux sentiments fiers et grands,

Soutient noblement sa famille,

Petits frères et vieux parents…

 

Au refrain

 

L’autre soir un type à la pose

Au jardin m’aborde, et… crûment,

Ila l’toupet d’me parler d’la chose.

Et bien alors ? Et le sentiment ?

Ma réponse, on se figure,

Jusqu’au quai je le remorquai,

Là,j’lui fis connaitre ma pointure…

Un cinq trois quarts, bien appliqué.

 

Au refrain

 

Oh ! Quant à l’amour pas de triche !

Lorsqu’elle a trouvé son vainqueur,

Elle donne, n’étant pas riche,

Tous les trésors de son grannd cœur

Car ce n’est pas chez la gantière

Qu’on prête l’oreille aux fareurs !

Ell’ donn’ des enfants à leur père

A la France des défenseurs !

Chansons de filles

Les Femmes de Grenoble

Le fene de Grenoblo

Son de mau contenta.

Faut avey bonna boursa

Ela fare tinta.

Si comme mouche jaune

On le von arresta.

Faut din lou jardinageo

Souven le banquetta

 

Les femmes de Grenoble  

Sont difficiles à contenter  

Il faut avoir bonne bourse

Et la faire sonner,  

Si comme des mouches jaunes

On les veut arrêter.

Il faut dans le jardinage

Souvent les faire banqueter

 

Quand i sont à de nopce

Lour faut tout chapota

Jour e not en carrochi

E le faut charronta

I grondont à la couchi

Si ne sont bien monta.

Viront lo cu uz homme

Ne font que repita.

 

Quand elles sont à des noces,

Il leur faut tout couper.

Jour et nuit en carrosse

Il faut les charrier.  

Elles grondent au lit  

S’ils ne sont bien pourvus.  

Elles tournent le dos aux hommes,

Ne font que regimber

 

Jusqu’à tant que per terra

I long ayant jetta.

Quand lour chambe sont lasse

Lou pied lour faut gratta,

Quand la son lez attaque

Faut vito chuchuta.

Quant lo jour le réveille

D’œu frais lou faut porta.

 

Jusqu’à ce que par terre  

Elles les aient jetés.  

Quand leurs jambes sont lasses,  

Il faut leur gratter le pied.

Quand le sommeilles prend,

Il faut vite parler bas.

Quand le jour les réveille,

Il faut leur porter des œufs frais.

 

A la moda nouvella

Le faut attifetta

Per disna faut attendre

Qu’ell’ ayont bigotta

Et qu’après lour servente

Les ayont tempesta.

A le carte, à le danze

Lour faut tout supporta.

Bien heurou sont louz homo

Qui le layssont eyta.

 

A la mode nouvelle

Il faut les attifer.  

Pour dîner il faut attendre  

Qu’elles aient dit leurs patenôtres,

Et qu’après leurs servantes  

Elles aient tempêté.

Aux cartes, aux danses,

Il leur faut tout supporter.  

Bien heureux sont les hommes

Qui les laissent tranquilles

Chansons de filles – Cette chansons se trouve à la fin de « La Bourgeoise de Grenoble » comédie de Jean Millet (1665)

Les Margoton

ya des fillet dedin Grenoblo (bis)

que n’migeon qu’un pou de tomma

La fari don daine !

Et porton de beau farballa,

La fari don dâ !

 

Il y a des filles dans Grenoble  

Qui ne mangent qu’un peu de tomme

La faridondaine

Et portent de beaux falbalas

La fari don dâ !

 

Sovent’i n’ont point de chamisi (bis)

marchon sû l’jambe de leur bâ,

la fari don daine !

Per un pot de vi

Ont d’talon hiaut comme lo bra,

la fari don dâ !

 

Souvent elles n’ont point de chemises  

Elles marchent sur les jambes de leur bas  

La Fari don daine  

Elles ont des talons hauts comme le bras

La fari don dâ !

 

N’ont de fei qu’una poura couchi (bis)

que ne vei pâ sovint de dra,

la fari don daine !

E porton d’chignon d’un quinta

La fari don da !

 

Elles n’ont parfois qu’un pauvre lit :

Qui ne voit pas souvent des draps  

La fari don daine  

Et elles portent des chignons d’un quintal  

La fari don daine !

 

I ne parlon que de bombanci, (bis)

De polailli, dindon truffâ,

La fari don daine !

Et von mori à l’hôpita,

La fari don dâ !

 

Elles ne parlent que de bombance  

De volaille, dindes truffées

La fari don daine !  

Et elles vont mourir à l’hôpital

 La fari don dâ !

 

Yan a que sont incou bravoune (bis)

Mais faut toujou bien s’en maufiâ

La frai don daine !

Sont pire que lo colerâ

La fari don dâ !

 

Il y en a qui sont encore mignonnes

 Mais il faut toujours bien s’en méfier

La fari don daine  

Et elles vont mourir à l’hospice

La fari don dâ !

 

Hérousamint que gn’yan a d’autres (bis)

Que sont sâg’et bien élevâ,

la fari don daine !

faut le peindre pe se mariâ

La fari don dâ !

 

Heureusement qu’il y en a d’autres  

Qui sont sages et bien élevées

La fari do daine !

Il faut les prendre pour se marier

Chansons de filles  – Notée par Tiersot (ibid.) Chanson  en patois de Grenoble, aux prétentions satirico-moralistes, due au« Gueuste Mouthier ».